Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/309

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semaine, troisième d’août. Ainsi, dans l’espace d’environ sept mois et demi, il avait achevé une entreprise qu’il avait peut-être regardée lui-même comme l’ouvrage de plusieurs années.

Cet heureux retour fut célébré par des transports de joie ; et, dans la première surprise d’un événement si merveilleux, on avait peine à ne le pas prendre pour un prestige. Sans attendre les ordres de la cour, les boutiques furent fermées à Palos, toutes les cloches sonnèrent, et l’amiral, en sortant de la caravelle, reçut des honneurs qu’on n’avait jamais rendus qu’aux têtes couronnées. Sa modestie ne l’abandonna point dans cette espèce de triomphe. Son premier soin fut décrire à leurs majestés catholiques, et de leur envoyer une exacte relation de son voyage. La Pinta, qui avait été séparée de lui par la tempête, avait pris terre à Bayonne ; et quelques historiens racontent que Pinçon s’était rendu par le plus court chemin à Barcelone où la cour était alors, dans l’espérance de paraître le premier aux yeux du roi, et d’y recueillir peut-être le prix du courage et de l’habileté d’autrui ; mais que ce prince, à qui il fit demander audience, refusa de l’écouter, et que le chagrin qu’il en eut le mit en peu de temps au tombeau. D’autres ont écrit que de Bayonne il alla droit à Palos, où il arriva le même jour que l’amiral ; que cette rencontre, à laquelle il ne s’était pas attendu, l’affligea d’autant plus, que Colomb avait déjà fait des plaintes de sa désertion, et l’accusait