Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/311

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sa marche lorsqu’il sortit de Séville, son voyage jusqu’à Barcelone fut un véritable triomphe : les chemins et les campagnes retentirent d’acclamations. On s’empressait dans tous les lieux habités d’aller au-devant de lui pour contempler cet homme extraordinaire qui s’était ouvert par des routes inconnues avant lui l’entrée d’un nouveau monde. Les Américains dont il était accompagné, les perroquets rouges et verts, et quantité d’autres nouveautés qu’il ne manquait pas d’étaler aux yeux des spectateurs attiraient la curiosité du vulgaire ; mais l’admiration des hommes éclairés ne s’adressait qu’à lui. Il arriva vers le milieu d’avril à Barcelone. On lui fit une réception digne du service qu’il avait rendu à l’Espagne. Tous les courtisans, suivis d’un peuple innombrable, allèrent fort loin au-devant de lui ; et lorsqu’il eut reçu les premiers complimens de la part du roi et de la reine, il marcha jusqu’au palais, précédé de ses Américains. Les acclamations redoublaient à chaque instant, et jamais homme n’eut peut-être un jour plus glorieux et plus flatteur, surtout s’il rapprochait, comme il est naturel de le penser, sa situation présente de celle où il s’était vu quelques mois auparavant. Il fut conduit avec cette pompe, au travers d’une grande partie de la ville, à l’audience des rois catholiques qui l’attendaient hors du palais, sous un dais magnifique, revêtus des habits royaux, le prince d’Espagne à leur côté, au milieu de la plus brillante cour qu’ils eussent rassem-