Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/318

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ses amis alliés ; qu’il était arrivé trop tard pour les secourir, mais qu’il avait entrepris de les venger ; qu’il avait livré bataille au cacique, et qu’il l’avait défait, avec le malheur néanmoins d’avoir reçu dans le combat quelques blessures qui lui avaient dérobé les fruits de sa victoire, et dont il n’était pas encore guéri ; que le reste des Castillans était dispersé dans l’île, et que jusqu’alors il avait eu le chagrin de ne pouvoir découvrir leurs traces : enfin qu’à de si justes douleurs il joignait celle d’être encore trop faible pour aller témoigner lui-même à l’amiral combien il était sensible à l’infortune de ses gens ; mais qu’il lui demandait une visite, dans laquelle il promettait de resserrer leur alliance et leur amitié par de nouveaux nœuds.

Il paraît que ce discours ne persuada point entièrement Colomb : tout le portait à la défiance ; et dans ses recherches mêmes il avait trouvé des circonstances qui lui faisaient soupçonner son allié de tout le mal qu’il rejetait sur Coanabo. Cependant, loin d’écouter l’avis de ceux qui l’excitaient à la violence, il leur représenta qu’on ne pouvait s’établir dans l’île sans le consentement de ses principaux princes ; qu’autrement il fallait s’attendre à des guerres sanglantes dont le succès n’était pas assez certain pour lui faire choisir une voie si dangereuse ; que si Guacanagari était un traître, il paraissait du moins disposé à garder les apparences de bonne foi ; qu’il n’était question que