Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/319

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de se conduite avec assez de prudence pour n’être pas surpris ; que, lorsqu’une fois on serait bien fortifié, il serait temps de punir les coupables, et que l’avenir apprendrait infailliblement à les distinguer. Cette sage politique emporta tous les suffrages. L’amiral ne fit pas difficulté de se rendre à la cour du roi, qui lui fit d’un air triste le récit du malheur des Castillans, et qui lui montra ses blessures. La confiance et l’amitié reprirent une nouvelle force, Guacanagari fit présent à l’amiral de nuit cents petites coquilles fort estimées dans le pays sous le nom de cibas, de cent plaques d’or, d’une couronne du même métal, et de trois petites calebasses remplies de grains d’or, dont le poids montait ensemble à deux cents livres. De son côté, l’amiral lui donna quantité de petites vases de verre, des couteaux, des ciseaux, des épingles, des aiguilles et de petits miroirs, qui furent reçus comme des richesses inestimables : il y joignit une image de la Vierge, qu’il lui pendit au cou. La vue des chevaux d’Espagne, auxquels on fit faire le manège en présence du cacique, lui causa beaucoup d’admiration.

Après ce nouveau traité, l’amiral ne pensa qu’à donner une forme solide à son établissement. Son inclination le portait à rebâtir le fort sur ses premiers fondemens ; mais jugeant du pays par la connaissance qu’il en avait prise en rangeant la côte, il craignait que les eaux dormantes n’en rendissent l’air fort malsain ; il