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avait remarqué aussi qu’on y manquait de pierre pour les édifices ; et d’ailleurs il voulait s’approcher des mines de Cibao. La résolution à laquelle il s’arrêta fut de s’avancer plus à l’est ; et le 7 septembre il partit de Puerto-Réal avec toute sa flotte pour aller former une nouvelle colonie à Puerto di Plata, où le pays lui avait paru plus agréable, et le terroir plus fertile. Dans une route si courte, il fut surpris par une de ces tempêtes auxquelles les Français ont donné depuis le nom de nords, parce qu’elles viennent de ce point. Tous les vaisseaux n’auraient pu se garantir d’être jetés à la côte, si quelques instans de lumière ne leur eussent fait apercevoir, deux lieues au-dessous de Monte-Christo, une rivière qui leur offrit une retraite.

Quoiqu’elle n’eût pas plus de cent pas de large, elle formait un port assez commode, mais un peu découvert au nord-est. L’amiral descendit près d’un village qui bordait le rivage ; et, remontant la rivière, d’où l’on découvrit une plaine fort agréable, il remarqua qu’on pouvait détourner les eaux et leur faire traverser le village pour les employer à des moulins, et les rendre utiles à tous les besoins d’une colonie. Les terres lui parurent fertiles. Il y trouva de la pierre pour bâtir et pour faire de la chaux. Tant de commodités le déterminèrent à ne pas chercher d’autre lieu pour y jeter les fondemens d’une ville. Il fit bâtir d’abord une église et un magasin. Ensuite il dressa