Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/323

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Cette conjoncture parut heureuse pour renvoyer la flotte en Espagne. Colomb remit à Torrez, qui devait la commander, l’or d’Ojéda, avec tous les présens qu’il avait reçus de Guacanagari ; et des dix-sept vaisseaux qu’il avait amenés il en retint deux de moyenne grandeur, et trois caravelles. Le reste avait déjà mis à la voile, lorsqu’il fut informé qu’une troupe de mécontens, ayant choisi Bernard de Pise pour leur chef, avaient formé le dessein d’enlever quelques-uns des cinq bâtimens qu’il s’était réservés, et de retourner en Espagne. La rigueur lui parut nécessaire pour arrêter cette conspiration dans sa naissance. Bernard de Pise fut saisi et renvoyé en Espagne dans un des cinq navires, avec les informations et les preuves de son crime ; mais ses principaux complices reçurent leur châtiment aux yeux de la colonie. Un historien remarque qu’il ne fut pas aussi sévère que semblait le demander une première sédition dont il était important de faire un exemple signalé. Cependant les ennemis de l’amiral commencèrent à lui reprocher de la cruauté ; et cette fausse opinion qu’on prit de son caractère, sur un acte de justice où toutes les formalités avaient été gardées, produisit dans un autre temps des effets funestes pour lui et pour toute sa famille.

Après avoir rétabli le calme dans la colonie, il prit la résolution de visiter lui-même les mines de Cibao, et d’y faire transporter des matériaux pour la construction d’un fort. Il se