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fit accompagner de ses meilleurs soldats et d’un grand nombre de volontaires, tous à cheval ; et, laissant Diègue, son frère, pour commander dans Isabella, il se mit en marche le 12 mars, enseignes déployées, au son des tambours et des trompettes. Le premier jour, il ne fit que trois lieues, jusqu’au pied d’une montagne fort escarpée, d’où il envoya, sous la conduite de quelques hidalgos, des pionniers à la même gorge par laquelle Ojéda s’était ouvert un passage. En montant au sommet de la montagne, il découvrit avec admiration cette belle et vaste plaine de vingt lieues de longueur, nommée Vega-real, c’est-à-dire Campagne-royale. Il la traversa dans sa largeur, qui n’est que de cinq lieues en cet endroit, et tous les Américains d’un grand nombre d’habitations dont elle est remplie lui firent un bon accueil.

On passa tranquillement la nuit sur la rive de l’Yaqui. Les Américains que l’amiral avait amenés d’Isabella entraient dans les maisons qui se trouvaient sur la route, et prenaient librement ce qui tombait sous leurs mains, comme si tous les biens eussent été communs, sans que les habitans donnassent la moindre marque de surprise et de mécontentement. Ils en usaient de même dans les logemens des Espagnols, et l’on n’eut pas peu de peine à leur faire perdre une habitude qui prouvait leur simplicité et leur innocence ; les premières idées de propriété leur furent données par