Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/337

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lettres du 16 août, par lesquelles le roi et la reine lui témoignaient une extrême satisfaction de ses services ; ils lui demandaient le récit de ses observations, les noms et les distances des îles, et toutes les espèces d’oiseaux qui n’étaient pas connus en Espagne ; et, pour établir un commerce régulier entre le Nouveau-Monde et l’Ancien, ils réglaient que des deux côtés on ferait partir tous les mois une caravelle qui n’aurait pas d’obstacle à redouter dans sa course, parce que tous les différends étaient terminés avec le Portugal.

L’année touchait à sa fin, lorsqu’il apprit que l’enlèvement de Caonabo avait soulevé l’île entière, et que les trois frères de ce prince assemblaient une nombreuse armée dans la Véga-Réal ; il ne s’étonna point de leurs préparatifs. Le roi de Marien, qu’il fit avertir du dessein où il était de se mettre à la tête de ses troupes, vint le joindre avec un corps de ses plus braves sujets. Les Castillans capables de service ne montaient pas à plus de deux cents hommes d’infanterie et vingt cavaliers ; mais l’amiral y joignit vingt chiens d’attache, dans l’opinion que leurs morsures et leurs aboiemens contribueraient autant que le sabre et la mousqueterie à répandre l’épouvante dans une multitude d’Indiens nus et sans ordre. Il partit d’Isabella le 24 mars, avec l’adelantade et Guacanagari. À peine fut-il entré dans la Véga-Réal, qu’il découvrit l’armée ennemie, forte de cent mille hommes, et commandée par Mani-