Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/342

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dait dans l’absence de son frère. Aguado le traita d’abord avec beaucoup de hauteur. Il employa même les menaces ; et, sous prétexte d’écouter les plaintes qu’on avait à faire contre le gouvernement, il prit une autorité qui excédait beaucoup ses pouvoirs. Ensuite, étant parti pour chercher l’amiral, il publia dans sa route qu’il était venu pour faire le procès aux Colomb, et pour en délivrer la colonie. Ses gens le représentaient aux Américains comme un nouvel amiral qui devait faire périr l’autre ; et ce bruit fut répandu avec tant d’affectation, que plusieurs caciques en prirent occasion de s’assembler pour tirer parti de ce changement. Aguado n’alla pas loin sans apprendre que l’amiral, rappelé par un courrier de son frère, était rentré dans Isabella : il y retourna aussitôt, et sa suite ayant été grossie par tous les mécontens, il y entra comme en triomphe. Sa commission fut proclamée au son des trompettes. L’amiral aida lui-même à la solennité de cette publication, et, se présentant au commissaire, il l’assura d’une soumission absolue aux ordres de leurs majestés. Aussitôt les informations furent commencées dans les plus rigoureuses formes. Américains et Castillans, la plupart saisirent ardemment l’occasion de perdre des étrangers qu’ils n’aimaient pas, et que la cour semblait abandonner. D’ailleurs les plaintes étaient bien reçues par le commissaire, notamment les plus graves. Pendant cette humiliante cérémonie, l’amiral se conduisit avec une ex-