Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/348

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Dans la joie d’un accueil qui couvrait ses ennemis de honte, il fit le récit de ses découvertes ; et, proposant de les continuer, il demanda huit vaisseaux, dont il destinait deux à porter des vivres et des munitions à la colonie d’Isabella, et les six autres, à demeurer sous ses ordres. Cette demande lui fut accordée. Ensuite, ayant représenté qu’il était question de former un établissement solide, qui pût servir de modèle à l’avenir pour d’autres colonies, il obtint que leurs majestés feraient passer à Espagnola un corps de recrue de trois cents hommes, composé de quarante cavaliers, cent fantassins, soixante matelots, vingt ouvriers en or, cinquante laboureurs, et vingt artistes de différentes professions, auxquels on joindrait trente femmes ; que le fonds de leur solde serait, par mois, de soixante maravedis, et d’un fanega de blé, qui revient à six boisseaux de France ; et que, par jour, on leur donnerait quatorze maravedis pour vivre ; qu’on enverrait des religieux pour le service divin et pour l’instruction des Américains ; des médecins, des chirurgiens et des apothicaires, pour connaître la nature des maladies qui avaient emporté tant de monde, et pour en chercher le remède ; enfin, jusqu’à des musiciens et des joueurs d’instrumens pour bannir la tristesse, fléau ordinaire des colonies lointaines. Outre ces trois cents personnes, qui devaient être entretenues aux dépens de leurs majestés, l’amiral eut la permission d’en emmener cinq cents à ses propres