Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/347

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fuite. Lorsqu’elle s’était vue pressée par celui qui la poursuivait, elle s’était tournée tout d’un coup ; et, l’ayant saisi de ses deux bras, elle l’avait renversé avec tant de force, que, sans le secours qu’il reçut, il confessa qu’elle l’aurait étouffé. Cependant les caresses et les présens que l’amiral fit à toutes les femmes établirent bientôt la confiance et l’amitié ; elles procurèrent toutes sortes de rafraîchissemens aux deux caravelles, pendant neuf jours que les Castillans passèrent dans l’île ; et lorsqu’on remit à la voile, l’épouse du cacique offrit de s’embarquer avec sa fille pour suivre l’amiral en Espagne.

On ne découvrit point la terre avant le 11 juin. En entrant le lendemain dans le port de Cadix, Colomb trouva trois vaisseaux prêts à faire voile, avec des vivres et des munitions, pour Espagnola ; et, n’osant les arrêter après avoir vu les ordres du roi, il eut du moins le temps de saisir cette occasion pour ranimer par ses lettres le courage et la constance de ses frères.

Il se rendit à Burgos, où leurs majestés catholiques tenaient ordinairement leur cour. Il parut à l’audience avec autant de fermeté que de modestie. Loin de le traiter comme un criminel dont on attend les justifications, on ne lui parla ni des informations d’Aguado, ni des accusations de Boyl et de Margarita. Il ne reçut que des éloges et des remercîmens pour ses nouveaux services.