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maître. L’adelantade, informé de ce soulèvement à San-Domingo, dont il avait fait sa principale résidence, se hâta de marcher contre ce prince, et, l’ayant rencontré à la tête de quinze mille hommes, il l’attaqua si brusquement pendant la nuit, qu’après avoir mis en pièces une partie de ses gens, il le fit lui-même prisonnier.

Vers le même temps, il reçut avis de Boechio et d’Anacoana que leur tribut était prêt, et qu’ils étaient disposés à le livrer. Il chargea don Diègue, son frère, qui commandait toujours dans Isabella, de faire passer une caravelle à la côte de Xaragua ; mais il voulut s’y rendre lui-même par terre, et recevoir le premier hommage que ces caciques faisaient à l’Espagne. L’accueil qu’ils lui firent le confirma dans l’opinion qu’il avait prise de leur bonne foi ; ils allèrent au-devant de lui avec un cortége de trente-deux seigneurs, tandis qu’un grand nombre de leurs sujets apportaient à leur suite quantité de coton cru et filé, et toutes sortes de provisions. La caravelle ayant abordé au port de Xaragua, qui n’était éloigné du palais de Boechio que d’environ deux lieues, Anacoana ne fit pas difficulté de se rendre à bord avec son frère. Elle avait fait préparer vers le rivage un logement fort bien meublé pour l’adelantade, où il fut surpris de trouver, entre divers ornemens, des siéges de bois travaillé avec beaucoup d’art. C’était la première fois qu’on voyait un bâtiment d’Eu-