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qui s’efforçaient d’entrer dans le port d’où ils étaient repoussés par le vent de terre. L’amiral était alors occupé à bâtir un fort, et l’adelantade à contenir des révoltés dans le royaume de Xaragua.

À la vue des deux caravelles, don Diègue Colomb, qui commandait dans l’absence de ses deux frères les envoya reconnaître. Ce fut Bovadilla même qui se présenta sur le bord de sa caravelle pour répondre aux questions. Il déclara non-seulement son nom, mais la commission d’intendant de justice qu’il venait exercer contre les rebelles de l’île ; et, s’informant à son tour des affaires, il apprit l’exécution de quelques chefs, l’ardeur des Colomb dans la recherche des coupables, et la résolution où ils étaient de faire des exemples. Ces informations irritèrent le gouverneur : il était ambitieux, violent, intéressé. Soit qu’il eût apporté d’aveugles préventions contre les Colomb, ou que la jalousie de l’autorité lui fît déjà regarder tout ce qui ne venait pas de lui comme une usurpation de la sienne, il ne put entendre sans indignation qu’on lui parlât de supplices pour des criminels dont il devait être l’unique juge. Cette disposition ne fit qu’augmenter à la vue de deux gibets et de quelques Castillans qu’il y vit attachés. En arrivant dans le port, il passa la nuit dans son vaisseau.

Le lendemain 24 août, étant descendu dans la ville, il se rendit d’abord à l’église, où il entendit la messe avec une grande ostentation