Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/364

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de piété. Don Diègue Colomb, et Perez, major de l’île, y assistèrent, accompagnés de la plupart des habitans de San-Domingo. En sortant, il tira des lettres qui portaient le sceau royal d’Espagne, et les remit à un notaire de sa suite, avec ordre de les lire devant l’assemblée. C’étaient celles qui le créaient intendant de justice. Ensuite, s’adressant à don Diègue, il demanda au nom de leurs majestés qu’on lui livrât tous les prisonniers qui étaient arrêtés pour la révolte. Don Diègue lui répondit qu’ils lui avaient été confiés par l’amiral, dont l’autorité sans doute était supérieure à la sienne, et qu’il n’en pouvait disposer sans son ordre. « Je vous ferai connaître, reprit Bovadilla, que vous et lui devez m’obéir. » Le reste du jour se passa dans une extrême agitation ; mais le lendemain, après la messe, à la vue de toute la colonie, que la curiosité n’avait pas manqué de rassembler, Bovadilla fit lire d’autres patentes qui le constituaient gouverneur général des îles et de la terre-ferme du Nouveau-Monde, avec un pouvoir sans bornes. Ensuite, ayant prêté le serment ordinaire, il invita tout le monde à la soumission ; et, pour la mettre à l’épreuve, il renouvela la demande des prisonniers. On lui fit la même réponse, et cette fermeté l’embarrassa. Il fit lire deux autres mandemens des rois catholiques, par l’un desquels il était ordonné à l’amiral, à tous les commandemens de forteresses et de navires, aux trésoriers et aux garde-magasins de le