Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/368

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qu’il avait saisi ses papiers, confisqué ses meubles, ses chevaux, et tout ce qu’il avait d’or et d’argent, sous prétexte de payer ceux qui se plaignaient de ne l’avoir pas été ; qu’il avait fait arrêter don Diègue, son frère, sans aucune formalité de justice, et qu’il l’avait fait transférer dans une des caravelles qu’il avait amenées, avec ordre d’employer les fers pour l’y retenir. À peine avait-il eu le temps de se faire expliquer tant de violences, qu’il se vit enlevé lui-même et conduit dans la citadelle, où il fut enfermé les fers aux pieds. Herréra, quoique fort prévenu en faveur de sa nation contre un étranger, donne ici le nom de tyran au nouveau gouverneur. Il traite de cruel et de détestable un emportement de cette nature contre un homme que les rois catholiques avaient élevé aux premiers degrés d’honneur, et qui avait acquis tant de gloire à l’Espagne. La suite des événemens fit même connaître que le commandeur avait passé ses pouvoirs, et que, s’il était chargé d’informer, c’était avec respect pour la personne des Colomb. Mais sa cruauté ne dut pas les affliger plus que l’applaudissement qu’elle reçut de tous les Castillans de l’île. Ceux-mêmes qui devaient leur fortune à l’amiral, et qui ne subsistaient que par ses bienfaits, eurent la lâcheté de l’outrager ; et, pendant que ses ennemis se contentaient du moins de le noircir par leurs accusations, ce fut un de ses valets qui s’offrit à lui mettre les fers aux pieds, tandis que les satellites de Bovadilla re-