Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/367

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qu’il s’attribuait. Il partit aussitôt pour la capitale.

À son exemple, tout ce qu’il y avait de Castillans à Bonao, dans la Véga et dans tous les nouveaux établissemens, prirent le chemin de San-Domingo. Bovadilla, pour les attirer par l’intérêt, avait déjà fait publier que, pendant vingt ans, ceux qui travaillaient à chercher de l’or n’en paieraient au roi que le vingtième, qu’il allait acquitter les arrérages de la solde militaire, et contraindre l’amiral de satisfaire à tous ceux auxquels il avait donné quelque sujet de plainte. Les mécontens s’empressèrent de venir déposer contre les trois Colomb, et toutes leurs accusations furent reçues. La plus maligne de toutes, celle d’avoir voulu se rendre indépendant, la seule qui eût armé ses souverains contre lui, était certainement la plus mal fondée et la plus démentie par les faits. Jamais sujet ne fut ni plus soumis ni plus zélé ; mais, en matière politique, le seul soupçon tient souvent lieu du crime, et Colomb étant le seul homme que l’on pût craindre dans le Nouveau-Monde, on ne voulait plus qu’il y commandât. On remarque que, parmi tant d’imputations et de plaintes, il ne se trouva pas une seule déposition favorable à l’amiral, tant on est généralement disposé à accabler les malheureux.

Christophe Colomb fut extrêmement surpris, en arrivant à San-Domingo, d’apprendre que le commandeur s’était logé dans sa maison,