Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/380

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

insulaires n’eurent sur eux aucun pouvoir, lorsqu’ils se crurent assurés qu’on ne pouvait les forcer au travail. Ils préférèrent une vie tranquille dans leur première simplicité, à la fatigue de recueillir des biens dont ils ne faisaient aucun cas : d’ailleurs tout le monde fut révolté qu’on obligeât de payer au souverain la moitié de ce qui coûtait tant de peine et de dépense. Une partie des Castillans, qui étaient arrivés sur la flotte s’offrirent pour remplacer ceux qui s’étaient retirés ; mais ils ne furent pas long-temps à s’en repentir : l’ouvrage le plus facile était fait. Il fallait déjà creuser bien loin pour trouver de l’or ; les nouveaux ouvriers manquaient d’expérience, et les maladies dont ils furent attaqués en emportèrent un grand nombre ; ils se dégoûtèrent d’une entreprise qui les accablait sans les enrichir. Le mauvais succès des ordonnances fit juger au gouverneur qu’elles demandaient quelque modération. Il écrivit à la cour pour engager leurs majestés à se contenter du tiers ; et cette espérance rendit le courage à quelques ouvriers. Ses représentations furent écoutées ; mais dans la suite il fallut se relâcher encore. On se borna au quint des métaux, des perles et des pierres précieuses ; règlement qui a toujours subsisté depuis.

Ovando continuait de faire régner le bon ordre et la tranquillité dans l’île, lorsqu’on y vit arriver une chaloupe envoyée par l’amiral, qui demandait la permission d’entrer dans le port de San-Domingo pour y changer un de