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ses navires qui ne pouvait plus tenir la mer. Après le départ de la flotte, Ferdinand avait goûté le projet que les Colomb avaient formé, dans leur inaction, d’entreprendre de nouvelles découvertes ; et quoique la lenteur des ministres à leur fournir des vaisseaux eût été capable de les rebuter, ils avaient été soutenus par une lettre de ce prince, qui, reconnaissant enfin le mérite de leurs services, s’était expliqué dans des termes qui ne pouvaient leur laisser aucun doute sur ses intentions. Cette lettre avait été suivie des ordres les plus pressans ; et les préparatifs n’avaient pas langui pour le départ de quatre vaisseaux qu’on avait accordés à l’amiral. Il était parti du port de Cadix le 9 mai, avec don Barthélemi son frère et don Fernand, le second de ses fils, âgé d’environ treize ans. Il était arrivé le 13 juin à la vue de l’île Martinico, qui a pris depuis le nom de la Martinique. Il y avait passé trois jours, après lesquels s’étant aperçu que son plus grand navire, qui était de soixante-dix tonneaux, ne soutenait plus la voile, il avait pris le parti de se rendre à Espagnola.

Le nouveau gouverneur, qui n’avait point encore fait partir Bovadilla, ni les auteurs des anciens troubles, lui fit dire qu’il craignait que sa présence ne causât quelque désordre dans la colonie. Cette réponse, à laquelle il devait s’attendre, ne laissa point de le mortifier : mais, apprenant que la flotte était sur le point de mettre à la voile pour l’Espagne, il fut assez