Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/390

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vires à la Jamaïque, île encore sauvage, et qui offrait à peine des ressources suffisantes pour un équipage délabré et depuis long-temps assiégé par les besoins et les maladies ; ses vaisseaux faisaient eau de tout côté, et il manquait d’ouvriers pour les rétablir. Tout ce qu’il avait pu faire, c’était de les amarrer au port avec de bons câbles, et de faire construire deux baraques aux deux bouts pour le logement des équipages. La traversée jusqu’à Espagnola n’était que de trente lieues ; mais, ne pouvant faire ce voyage qu’avec des canots achetés à la Jamaïque, il fallait suivre les côtes, et alors il y avait deux cents lieues de route. Cependant deux Castillans, Mendez et Fieschi, risquèrent ce périlleux voyage. Il n’y avait pas d’autre moyen, pour se tirer d’embarras, que d’obtenir des vaisseaux et des secours de San-Domingo. Les deux aventuriers castillans y arrivèrent après des fatigues inexprimables. Ovando retint long-temps Mendez sans prendre aucune résolution ; et ce ne fut qu’après avoir été fatigué par ses instances, qu’il lui accorda la permission de se rendre à la capitale. Mendez y acheta un navire, et, suivant les ordres qu’ils avaient reçus en commun, Fieschi se chargea de le conduire à la Jamaïque ; mais on lui fit naître des difficultés qui retardèrent encore son départ ; et dans l’intervalle Ovando fit partir secrètement Diégo d’Escobar avec une barque, pour aller prendre des informations certaines sur l’état de l’amiral et de son escadre.