Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/389

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cuya, se cantonna dans les montagnes de Barruco, les plus hautes et les plus inaccessibles de l’île, qui s’étendent, par l’intérieur des terres, depuis Xaragua jusqu’à la côte du sud, et dont les habitans étaient encore sauvages. Plusieurs pénétrèrent dans celles qui forment le milieu de l’île. Ovando fit marcher des troupes vers ces deux retraites. Les Américains s’y défendirent quelque temps ; mais Guarocuya et les autres chefs ayant été pris et condamnés à la mort, le reste fut si généralement dissipé, que, dans l’espace de six mois, on ne connut plus un insulaire qui ne fût soumis au joug espagnol.

S’il faut croire aux éloges que les historiens s’acordent à donner à la sagesse et à la modération d’Ovando, jusqu’au moment où il fut nommé gouverneur d’Espagnola, on est obligé d’en conclure avec eux que cette funeste qualité de gouverneur transformait les meilleurs caractères ; mais n’y verra-t-on pas aussi les suites fatales qu’entraîne le faux esprit de religion, qui pendant si long-temps a refusé de reconnaître pour des hommes ceux que la révélation n’avait pas éclairés ? Il est évident qu’Ovando et les autres destructeurs ne se croyaient pas coupables ; et quel fléau pour l’humanité qu’une erreur qui peut corrompre jusqu’à la conscience !

Cependant Colomb et son frère, sans cesse contrariés par les vents et battus par la mer, avaient été obligés de faire échouer leurs na-