Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/394

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arrêtèrent pour commettre les dernières violences contre les Américains, auxquels ils enlevèrent tout ce qui se trouvait dans leurs habitations, en leur disant qu’ils pouvaient se faire payer par l’amiral, ou le tuer, s’il refusait de les satisfaire. Ils ajoutèrent qu’il était résolu de les exterminer ; qu’il en avait usé de même avec les peuples de Véragua, et que le seul moyen de se défendre contre un homme si cruel était de le prévenir. Lorsqu’ils se virent à l’extrémité de l’île, ils entreprirent d’abord de traverser le golfe, sans faire réflexion que la mer était fort agitée. À peine eurent-ils fait quelques lieues, que leurs pirogues s’étant remplies d’eau, ils crurent les soulager en jetant leur bagage dans les flots. L’inutilité de cette ressource leur fit prendre le parti de se défaire des Américains qu’ils avaient embarqués pour la rame. Ces malheureux, voyant des épées nues et quelques-uns de leurs compagnons déjà étendus morts, sautèrent dans l’eau ; mais, après avoir nagé quelque temps, ils demandèrent en grâce qu’on leur permît de se délasser par intervalles, en tenant le bord des pirogues. On ne leur répondit qu’à coups de sabre, dont on leur coupait les mains ; et plusieurs se noyèrent. Le vent augmentait et la mer devint si grosse, que cette troupe de furieux se vit contrainte de retourner au rivage. Après y avoir délibéré sur leur situation, et proposé plusieurs partis qui ne pouvaient venir que d’un excès d’aveuglement et de dés-