Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/395

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espoir, ils tentèrent encore une fois le passage ; mais la mer ne devenant pas plus calme, ils se répandirent dans les bourgades voisines, où ils commirent toutes sortes d’excès. Six semaines après, ils tentèrent de passer pour la troisième fois, et leurs efforts ne furent pas plus heureux. Alors, abandonnant un dessein dont l’exécution leur parut impossible, et ne doutant plus que Mendez et Fieschi n’eussent péri dans les flots, ils se mirent à faire des courses dans toutes les parties de l’île, et causèrent mille maux aux insulaires pour en tirer des vivres.

L’amiral était réduit à vivre aussi par le secours des Américains ; mais sa conduite était fort différente ; il faisait régner parmi ses gens une exacte discipline, qu’il adoucissait par des attentions continuelles sur leurs besoins, et par des exhortations paternelles. D’ailleurs il ne prenait jamais rien qu’en payant, et jusqu’alors il n’avait rien reçu des Américains qu’ils n’eussent volontairement apporté. Cependant, comme ils n’étaient pas accoutumés à faire de grandes provisions, ils se lassèrent enfin de nourrir des étrangers affamés, qui les exposaient eux-mêmes à manquer du nécessaire. Les discours des mutins pouvaient avoir fait aussi quelque impression sur eux. Ils commencèrent à s’éloigner, et les Castillans se virent menacés de mourir de faim. Dans cette extrémité, l’amiral s’avisa d’un stratagème qui lui réussit. Ses lumières astronomiques lui avaient fait pré-