Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/403

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L’amiral ne voulut pas aller plus loin sans en avoir fait demander la liberté au gouverneur général ; et non-seulement il l’obtint, mais étant arrivé à San-Domingo le 13 août, il y fut reçu avec les plus grandes marques de joie et d’honneur. Ovando vint lui-même, à la tête de tous les habitans, le recevoir à sa descente. Il lui donna un logement dans sa maison, et ne cessa point de le traiter fort civilement. Cet accueil surprit un peu les Colomb, qui ne s’y étaient pas attendus, mais ils devaient s’attendre encore moins à quelques actions du gouverneur, qui semblaient démentir de si belles apparences : il les obligea de lui livrer François Porras, qu’ils avaient laissé à bord, et qu’ils se proposaient de mener en Espagne : c’était à lui, leur dit-il, qu’appartenait la connaissance des affaires criminelles ; mais il n’eut pas plutôt le prisonnier entre les mains qu’il lui rendit la liberté ; ensuite il déclara qu’il voulait informer sur tout ce qui s’était passé à la Jamaïque, et juger quels étaient les coupables de ceux qui s’étaient soulevés, ou de ceux qui étaient demeurés fidèles à l’amiral, insulte aussi vive que l’injustice était criante, mais que les Colomb dissimulèrent, parce qu’ils n’étaient point en état de s’y opposer. L’amiral se contenta de dire avec assez de modération que les droits de son amirauté avaient des bornes étroites, s’il ne pouvait pas juger un de ses officiers qui s’était révolté contre lui sur son propre bord ; et, pour sortir promptement