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d’une île qui était devenue le théâtre de ses humiliations après avoir été celui de sa gloire, il fréta deux navires, dont il partagea le commandement avec son frère.

Il mit à la voile pour l’Espagne le 12 septembre, avec son fils et tous ceux qui lui étaient attachés. En sortant du port, le navire qu’il montait perdit son grand mât ; mais cet accident ne fut pas capable de le faire retourner dans un lieu où il venait d’essuyer tant de dégoûts. Il aima mieux renvoyer le bâtiment à San-Domingo et passer dans celui de son frère. Le 19 octobre, après avoir essuyé une furieuse tempête, et lorsqu’on se croyait délivré du danger, le mât de son second vaisseau se fendit en quatre, et ne laissa point d’autre ressource que l’antenne, dont on fut obligé de faire un petit mât, en la fortifiant avec des perches et d’autres pièces de bois. Une nouvelle tempête brisa la contre-misaine. Il continua sa navigation l’espace de sept cents lieues dans ce dangereux état, qui ne l’empêcha pas néanmoins de mouiller heureusement à San-Lucar avant la fin de l’année.

Mais il y était attendu avec une nouvelle disgrâce, qui devait mettre le comble à tous ses malheurs. C’était la mort d’Isabelle, reine de Castille, arrivée à Médina del Campo le 9 novembre. Toute l’Espagne pleurait encore une princesse qui avait égalé les plus grands rois par ses qualités personnelles, et que la ruine des Maures, la conquête de Grenade, et la