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« Les habitans du Kamtchatka ont trois langues : la kamtchadale, la koriake et la kourile ; et chacune de ces langues a trois dialectes. Les Kamtchadales parlent moitié de la gorge, moitié de la bouche. Leur prononciation est lente, difficile, pesante, et accompagnée de divers mouvemens singuliers du corps. Les Koriaks s’énoncent de la gorge, avec difficulté, comme en criant. Les mots de leur langue sont longs, et les syllabes sont courtes. Leurs mots commencent et finissent constamment par deux voyelles, comme on voit dans ouemkai, jeune renne indompté. Les kouriles parlent avec lenteur, d’une façon distincte, libre, agréable. Les mots de leur langue sont doux, et il n’y a point de concours trop fréquent de consonnes ou de voyelles. » L’auteur de ces observations y ajoute des rapports entre les mœurs et les langues de ces nations sauvages ; mais ces rapports ne sont pas assez marqués, ni assez detaillés pour s’y arrêter. Suivons d’autres observations plus singulières et plus importantes, relativement à la langue. On va la voir naître des choses, et tenir presque tout de la nature, et non des conventions arbitraires.

Ces peuples ont différentes manières de diviser l’année, et de nommer les mois. Les uns partagent l’année solaire en deux années, qui sont l’hiver et l’été ; l’une commence au mois de novembre, l’autre au mois de mai. Quelques-uns divisent l’année en quatre sai-