Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/87

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’eau, droit comme un homme, quelquefois pendant une demi-heure, passait ensuite par-dessous le vaisseau, pour se remontrer à l’autre bord, dans la même attitude, et répétait cette manœuvre trente fois de suite : d’autres fois il paraissait avec une espèce d’herbe à la bouche, qu’il jetait et reprenait tour à tour en se jouant de mille façons. »

Après les mœurs de ces animaux, on peut revenir à celles de l’homme. Les Kamtchadales en ont de raisonnables et de folles pour réprimer le larcin et le meurtre. « Quoiqu’il n’y ait point chez eux de lois pour venger les offenses, il y a des conventions reçues qui en tiennent lieu comme chez tous les peuples où la société a pris quelque forme. Lorsqu’un Kamtchadale a été tué, c’est aux parens à tuer l’assassin ; cet usage a toujours été celui des peuples non civilisés. Quand on surprend un voleur, si c’est son premier larcin, on lui fait rendre ce qu’il a pris, et on le laisse vivre solitaire sans lui donner aucune espèce de secours : on brûle les mains de ceux qui se sont rendus plusieurs fois coupables du même crime. Lorsqu’on ne peut pas découvrir un voleur, on prend un bouquetin à qui on brûle les nerfs dans une assemblée publique, avec beaucoup de cérémonies magiques : ces peuples ne doutent pas qu’au moyen de cet enchantement le voleur ne souffre les mêmes tourmens qu’on fait souffrir à cet animal. On reconnaît bien dans cet usage le principe et l’objet de la superstition, qui, dans sa