Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/86

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développent et étendent leurs facultés ; ils se rapprochent, s’unissent, établissent entre eux une sorte de police : c’est l’association qui perfectionne tous les êtres sensibles et animés. Quel misérable animal serait l’homme lui-même, s’il était forcé de vivre dans les forêts, solitaire et sans communication avec ceux de son espèce ! Il n’y a autour de nous que les insectes qui vivent en société, parce que leur petitesse les dérobe à la tyrannie de l’homme. Quoiqu’on ne puisse observer que très-imparfaitement leurs mouvemens et leurs mœurs, on y remarque cependant plus d’intelligence, de suite et d’ordre que dans des espèces d’animaux dont l’organisation semble bien plus parfaite. »

Ces raisonnemens sont confirmés par l’exemple et les jeux d’un animal marin qui, n’ayant pas encore éprouvé les hostilités de l’homme, semblait se plaire à le suivre. « Cet animal, que Steller a vu sur les côtes d’Amérique, a environ cinq pieds de long ; son corps, plus gros vers la tête, se rétrécit vers le bas et est couvert d’un poil très-épais, gris sur le dos et rouge sur le ventre : il a une tête assez semblable à celle du chien, avec de grands yeux, des oreilles pointues et dressées, et une espèce de barbe autour des lèvres. Steller a été fort surpris de ne lui point voir de pates comme aux autres animaux marins. Il nageait autour du vaisseau pendant plusieurs heures, regardant tantôt un objet, tantôt un autre, avec un air de surprise ; il s’élevait du tiers de son corps, au-dessus de