Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 12.djvu/93

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’en une année il l’écrivait et la parlait mieux qu’aucun de nos interprètes. J’ajoutai à ce bienfait les meilleures leçons d’astronomie, d’anatomie et de médecine dont je fusse capable ; à quoi je joignis encore de gros gages. En récompense, il me fit avoir des instructions aussi étendues qu’il était possible sur l’état de l’empire, sur le gouvernement, sur la cour impériale, sur la religion établie dans l’état, sur l’histoire des premiers âges, et sur ce qui se passait chaque jour de remarquable. Il n’y avait aucun livre sur aucune sorte de matière qu’il ne m’apportât d’abord, et dont il ne m’expliquât ce que je voulais savoir. Comme il était souvent obligé d’emprunter ou d’acheter des uns et des autres, je ne le laissais jamais sortir sans lui donner de l’argent pour se mettre en état de me satisfaire[1]

Depuis plus d’un siècle que l’entrée du Japon est interdite à toutes les nations de l’Europe, sans autre exception que les Hollandais, la compagnie hollandaise des Indes orientales y envoie tous les ans une ambassade ; et dans cette occasion ses ministres ont la liberté de paraître à la cour pour remercier l’empereur de ses bienfaits. C’est le seul temps qu’un voyageur puisse choisir pour visiter un pays qui n’est pas moins inaccessible par les difficultés

  1. Les efforts de Kœmpfer pour bien connaître le Japon furent couronnés du plus grand succès ; car deux voyageurs, Thunberg et Titsing, qui de nos jours ont visité cet empire, ont rendu hommage à l’exactitude de son livre.