Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 18.djvu/288

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munication. On rencontre au bord des chemins difficiles, sur des rochers escarpés, et proche des rapides, tantôt des colliers de porcelaine, tantôt du tabac, des épis de maïs, des peaux et des animaux entiers, surtout des chiens ; et ce sont autant d’offrandes adressées aux esprits qui président à ces lieux. Quelquefois un chien est suspendu vivant à un arbre par les pâtes de derrière, pour y mourir enragé. Le festin de guerre, qui se fait toujours de chiens, peut aussi passer pour un sacrifice. Enfin la crainte du moindre danger fait rendre les mêmes honneurs aux esprits malfaisans.

Les sauvages font aussi des vœux qui sont de purs actes de religion. Lorsqu’ils se voient sans vivres, comme il arrive souvent dans les voyages et pendant les chasses, ils promettent, à l’honneur de leurs génies, de donner une portion de la première bête qu’ils espèrent tuer, au chef de leur bourgade, et de ne prendre aucune nourriture avant qu’ils aient rempli leur promesse. Si l’exécution de ce vœu devient impossible par l’éloignement du chef, ils brûlent ce qui lui était destiné. On rapporte que les sauvages de l’Acadie avaient au bord de la mer un arbre fort vieux qu’on voyait toujours chargé d’offrandes, parce qu’il passait pour le siége de quelque esprit d’un ordre supérieur. Sa chute même ne fut pas capable de les détromper ; et quelques branches qui paraissent hors de l’eau continuèrent de recevoir les mêmes honneurs.