Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 19.djvu/121

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pris de lui trouver huit pieds de longueur.

Trois hommes de l’équipage passèrent dans une île qui se présentait devant les tentes, et découvrirent de là l’île des Croix à l’ouest. Le danger ne les empêcha point de traverser à cette dernière île pour y chercher quelques traces d’hommes ; mais il n’y en trouvèrent point d’autres que celles qu’ils y avaient vues à leur passage. Soixante-dix œufs de canards de montagnes, qu’ils rapportèrent à leurs compagnons, furent le seul fruit d’un voyage téméraire, auquel ils avaient employé douze heures, et qui avait causé beaucoup d’inquiétude sur les deux bords. Ils racontèrent que, pour passer à l’île des Croix, ils avaient quelquefois eu jusqu’aux genoux l’eau qui était sur la glace entre les deux îles ; et que, pour aller et revenir, ils avaient fait à peu près six lieues. Les autres furent surpris de leur hardiesse, et n’en reçurent pas les œufs de canards avec moins de joie. Le reste du vin, qui fut distribué à cette occasion, produisit à chacun environ six pintes.

Le 16, on vit arriver de terre un ours d’une blancheur éclatante, sur lequel on se hâta de tirer, et quelques balles qui portèrent le mirent en fuite. Le lendemain quelques matelots, chargés d’aller reconnaître l’ouverture des eaux, le trouvèrent languissant de ses blessures sur un banc de glace. Il se mit à fuir aussitôt qu’il les eut entendus : mais un coup de gaffe qu’il reçut de l’un d’entre eux, et dont la