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si grosse, que, les voyant embarrassés à descendre au rivage avec leurs propres chaloupes, il leur envoya ses canots ; mais il leur fit payer un droit pour ce service. Les Nègres seuls connaissent assez la côte pour savoir quand ils n’ont rien à craindre de l’agitation des flots. John se trouva lui-même sur le rivage pour y recevoir les Anglais. Il était accompagné de trente ou quarante gardes bien armés, qui les conduisirent à sa maison.

C’était un homme de cinquante ans, bien fait et robuste, d’un regard sévère, et qui se faisait respecter de tous ses Nègres, jusqu’à vouloir que ceux qui portaient des chapeaux ou des bonnets eussent toujours la tête nue devant lui.

Il reçut fort civilement les Anglais, et les salua de six coups de canon, qui lui furent rendus en même nombre. Il leur fit des excuses de les avoir empêchés de prendre de l’eau ; et, pour les en dédommager, il leur permit de pêcher dans la rivière qui passe derrière la ville. Mais la pêche n’ayant point été fort heureuse, ils furent mal servis à dîner. Le cabochir prit un air mécontent, et leur reprocha de s’être attiré cette disgrâce en négligeant de faire un présent à l’eau de la rivière, qui méritait plus de considération qu’une autre, parce qu’elle était le fétiche d’un homme tel que lui.

Atkins, trouvant le cabochir familier et de bonne humeur, ne fit pas difficulté de lui demander ce qu’étaient devenus les crânes hollandais dont il avait pavé l’entrée de sa maison.