Aller au contenu

Page:La Mothe Le Vayer - Œuvres, Tome 1, Partie 1, 1756.pdf/55

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

rempliſſant l’eſprit du Roi donna le plus d’occupations à ceux, qui étoient attachés de plus près à ſa perſonne. Ceux qui conſeilloient le Roi furent bien d’avis, pour applanir les difficultés, qu’il renonçât à la Succeſſion d’Eſpagne, dont le Roi Philippe connut lui-même ſi bien le foible, qu’en ſignant le Traité, il ne pût s’empêcher de dire : Eſto es una patarata. Le mariage du Roi, qui ſe fit à St. Jean de Luz, le 9. Juin 1660. apporta beaucoup de changement dans les offices de ceux, qui étoient auprès de ſa perſonne. Mr. le Vayer fût rendu tout entier à Monſieur, & peut-être y avoit-il dejà bien du tems, que ſes fonctions auprès de la perſonne du Roi n’étoient qu’honoraires. Tout vaſte & ſublime qu’ait été le génie de ce Monarque, on ſait, qu’il en eſt plus redévable à la Nature, qu’à la culture. On aſſure même à cette occaſion, qu’il ſe plaignoit un jour à la Reine ſa mere de ce qu’on ne l’avoit pas fait mieux étudier, & que ſur ce que la Reine lui dit : Mais vous ne vouliès pas vous appliquer ? il reprit avec vivacité ; eh ! n’y avoit-il pas des verges dans mon Roiaume ? Quiconque aime les enfans & ſur tout les jeunes Princes ne trouvera peut-être pas tout à fait cette anecdote hors d’œuvre.

Mr. de la Mothe le Vayer cultivoit de plus près, autant que les circonſtances le permettoient, la perſonne de Monſieur. Réconnoiſſant & droit comme il l’étoit, il ne pût qu’être ſenſiblement touché de la perte du Cardinal Mazarin, qui mourut à Vincennes le 9. Mars 1661. âgé de 59. ans.