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DE SOCRATE


quer de ceux, qui juroient par les fauſſes Divinités de Caſtor & d’Hercule, dont il vouloit par là prendre le mauvais uſage. Et néanmoins Lactance n’a pas fait de moindres invectives contre ſes ſermens, que contre l’offrande du coq, en quoi ſon autorité ne peut être de grande conſidération, vû celle de St. Auguſtin, qui a fort bien penſé de la façon de jures de Socrate[1], lui donnant la favorable interprétation, que nous venons de rapporter.

Le dernier reproche, qu’on lui fait, regarde le Démon, qu’on dit avoir été le conducteur de ſa vie. Si nous voulions rapporter ici tout ce qu’Apulée, Plutarque, & aſſez d’autres en ont écrit, nous ferions de ce ſeul article un bien gros volume. Les uns ont crû, qu’il avoit une véritable viſion de quelque mauvais Eſprit. Les autres, qu’il étoit averti par une voix prohibitive ſeulement. Et il y en a qui ont penſé, que c’étoit par l’éternuëment, qu’il recevoit les avis de ce qu’il ne devoit pas faire. Mais pluſieurs, qui ſe ſont ris de tout cela, ont ſoutenu[2], que ſa ſeule prudence, dont Dieu l’avoit ſi avantageuſement partagé, étoit ſon Démon. Que ſi l’on veut, qu’il y ait eu quelque choſe de plus, on peut prendre en ſa faveur l’opinion d’Euſebe, d’Eugubinus, & de Marcile Ficin, qui ont été per-

  1. Lib. de vera Relig.
  2. Lib. 12. de præp. Evang. c. 7. de perenni Phil. l. 5. cap. 20. ad Apol. Pl pro Socrate.