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DE IULIEN


naturel, dans la pieté, oû on l’avoit élevè, il méritoit d’être compté entre les plus mémorables Princes de l’Antiquité. Ceci ſuffira, pour montrer, comme l’Apoſtaſie de cet Empereur n’a pas empêché les Chrétiens mêmes, qui ont écrit l’Hiſtoire, de dire avec franchiſe beaucoup de choſes à ſon avantage.

Faute de faire cette diſtinction ſi néceſſaire entre la façoir d’écrire des Peres, qui ont exercé leur ſtyle contre Julien, & les Hiſtoriens, qui en ont dit le bien & le mal ſelon les loix de leur profeſſion, il eſt arrivé, que quelques-uns n’ont pas porté, il me ſemble, tout le reſpect qui eſt dû au mérite & à la pieté des premiers. Je penſe que Leunclavius en eſt un, lui, qui fait dans ſa Préface ſur Zoſime une telle invective contre ceux, qui n’ont pas reconnu toutes les vertus de ce Monarque, que peut être a-t-il excedé les termes, qu’il devoit garder ſur une matiere ſi chatouïlleuſe. Nous pouvons eneore nommer Cunaeus, à cauſe d’une ſemblable Préface, qu’il a miſe au devant de ſa traduction des Céſars de Julien. Car non content de lui donner rang parmi les Héros, & de vouloir, que lui ſeul ait eu toutes les vertus, que les plus renommés Capitaines Grecs & Ro-


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