Page:La Mothe Le Vayer - Œuvres, Tome 5, Partie 1, 1757.pdf/384

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
374
DE LA VERTU DES PAY. II. PART.


mains ont poſſedées ſeparément, & d’aſſurer, que toute ſa vie s’eſt écoulée dans une innocence ſi rare, qu’elle a été ſujette à l’envie : Il oſe blâmer ceux, qui ont préferé le premier Empereur Chrétien Conſtantin le Grand à un Apoſtat : Et il eſt ſi hardi que d’accuſer d’imprudence les Peres, qui gouvernoient l’Egliſe du tems de Julien, pour l’avoir, dit il, irrité mal à propos par leurs écrits, au lieu d’adoucir ſon eſprit par une paiſible obeïſſance. En vérité, je trouve que le Reverend Pere Petau[1], ſelon qu’il ſait conjoindre la pieté à une ſcience très profonde, a eu raiſon d’accuſer Cunaeus de témerité, & de lui reprocher ſon peu de jugement, lorſqu’il a parlé de la ſorte.

Il eſt certain, que la mémoire de Conſtantin n’eſt pas venué ſi pure juſqu’à nous, qu’elle ne ſoit chargée de pluſieurs défauts, & de quelques crimes même, dont il n’eſt pas ſacile de l’excuſer. On lui impute, d’avoir fait beaucoup d’exactions, pour reparer ſes prodigalités ; d’avoir mis le premier l’impôt du Chryſargyre, ou de l’or luſtral, qu’on exigeoit tous les quatre ans ; & d’avoir fait mourir dans une étuve ſa femme Fauſte, après s’être défait de ſon fils Criſpus par une pure jalouſie, qu’il eût d’eux. Nous liſons, qu’il

  1. Præf. ad Jul. opera.