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DE LA VERTU DES PAYENS.

Saint Jean Damaſcene (e)[1]tient[2], que Jeſus Chriſt deſcendant aux Enfers, en tira tous ceux

    de, s’il fût découvert s’il ſe fuſt découvert de ſon temps. Il ajoûte qu’il ne ſçait pas ſurquei ſe fondoit celui, qui vouloit apporter là deſſus une nouvelle doctrine, & tout-à-fait contraire à celle de S. Ambroiſe, & de S. Auguſtin : Librum certe Ambroſii de morte Valentiniani legat, ſi legit recolat, non diſſimilet ſi recolit, & advertet ſine duirit Sanctum homini non baptiſtata, & mortuo, ſidenter de ſola fide ſalutem præſumere, é tribu re indubitanter bonæ voluntati quod deſuit facultati. Qui eſt la même induction que nous avons tirée tantôt des textes de ce grand Prelat de Milan. S. Bernard rapporte enſuite les paſſages de S. Auguſtin, qui portent que pluſieurs perſonnes ont été ſauvées ſans les Sacremens viſibles, par des ſanctifications inyiſibles. Si la ſeule volonté ſuffit au mal, dit cette lumiere de nos Gaules, ſelon le texte formel, qui viderit mulierem ad concupiſcendum eam, jam mœchatus eſt tu corde ſuos, faut-il croire que cette même volonté ne ſoit pas auſſi puiſſante envers Dieu pour le bien, & que celuy qui deſire faire tout ce qui eſt neceſſaire au ſalut, ne le pouvant pas, ne ſoit point excuſé ? Il ſe plaint ſur tout de ceux qui racourciſſent tellement la main de Dieu, & limitent ſon pouvoir de ſorte qu’ils ne croient pas qu’autres ſe puſſent ſauver avant l’Incarnation du Verbe, que ceux qui avoient la Foi ex-
    explicite de tous les Myſteres de nôtre Redemption & du Meſſie à venir ; vû que S. Iean Baptiſte, quo non eſt natus major inter natos mulierum, ni le bien-aimé de Dieu qui portoit le même nom, n’ont pas été illuminés juſqu’à ce point.

  1. (e) Voions Saint Jean Damaſcene, celui que le Maître des Sentences & tous les Scholaſtiques depuis ont ſuivi en l’ordre de la Theologie ; & voions les paſſages de l’Oraiſon pour les Defunts que j’ai alleguée. Aprés y avoir parlé du ſalut de Falconille, qu’il nomme Gentil, Idolâtre, & ennemi de Ieſus-Chriſt, il dit qu’il ne faut pas croire que la deſcente de N. Seigneur aux Enfers ait été ſeulement pour en tirer les Prophetes, les Iuges, & les autres Peres Hébreux qui avaient attendu ſa venuë par une Foi qui demandoit cette recompenſe : Mais que ſa ſeule miſericorde lui fit étendre ſa Grace iuſques ſur les Gentils qui avoient moralement bien vécu. At vero cuncti illi, guidon finten. » tià illtus benignitate ac mifiricordiig Mute ? » itscreperunt qui etiandi alioquivita puritate exceb » lusfent., atque optiniis qusbufque affionibus IFi.fusffenti tenuitérque ac temperanter & cajli x1(/ut, troyen puram ar clivinon fidern baudquaquam perceperdint ut qui msla omnino eut ru4s fquanz waeerio eruditi excuitique fuiſſent. Il pourſuit
  2. Serm. de defun.