Page:La Mothe Le Vayer - Œuvres, Tome 5, Partie 1, 1757.pdf/85

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
75
PREMIERE PARTIE


comme nous espérons de l’être par la même vertu du Sauveur déjà venu. Que ſi [1] l’on op-

    ficulté de nous ſervir, entre la Foi obſcure ou envelopée, & celle qui eſt nette ou expliquée, ce que ſignifient les mênies mots ſimplicite & d’explicite. Certainement il y a lieu d’admirer leur hardieſſe, pour ne pas emploier un plus rude not, à ſe moquer d’une diſtinction ſi néceſſaire, comme ſi c’étoit une impieté que d’en uſer, ſous ce prétexte qu’on ne la voit point †† † qu’on fairientendre par là fort clairement, & au ſens qui ne leur plait pas, ce qui peut être douteux dans beaucoup de lieux de la Sainte Ecriture, & de St. Auguſtin même, ſur la matiere que nous venons de traiter ; ils ne font pas de moindres inve &tives contre cette ſolution, qu’ils pourroient faire ſi nous la te nions de quelque dangereux Hé réſiarque, vid. Iamſ de ſtatu mat. lapſ c. 4.16. 5 fere ubique. A la vérité, ils ſuppriment autant qu’ils peuvent le nom de St.Tho mas, qui nous l’a tranſmiſe a près l’avoir reçûë de ſes maitres : jugeant bien que de mal parler d’un ſi grand perſonnage, c’eſt autant envers pluſieurs perſon nes que de ſe condanner ſoi-inê 1ne. Mais n’eſt-ce pas à peu près la même choſe, d’accuſer, com me ils font, ſa doctrine d’héréfie, & de nommer tantôt Sua rez, & tantôt un autre, Pélagiens ou du moins Semi-Pelagiens, parce qu’ils la ſuivent. Quiconque prendra garde de quelle façon tous les Hérétiques
    ſe moquent de la même diſtin étion dans leurs Livres, s’étonnera que des Catholiques oſent entrer dans une ſi grande liaiſon de ſentimens avec eux.

    Ie ne parle pas ainſi pourbles ſer en rien le zèle de ceux, qui condannent l’opinion que j’ai ſoutenué dans ce Livre. Rien ne m’empêchera de reſpecter le ſavoir & la pieté de beaucoup d’entre cux de qui je tiendrois à honneur d’être inſtruit aux choſes où je me puis être mé pris, n’étant pas ſujet à m’opiniâtrer, par la grace de Dieu, comme je le ſuis à faillir. Et je proteſte avec vérité que le res ſentiment contre des particu liers, qui ſe ſont efforcés de dé crier mon travail, n’eſt pas ce qui m’a fait ajoûter ces remar ques à la premiere impreſſion. Il y a longtems que je ſai qu’on ne doit jamais entreprendre d’écrire ſi l’on n’eſt reſolu de mé priſer cette ſorte de Critiques, & toutes leurs perſecutions. Les œuvres mêmes du Tout puiflant ont trouvé des Controleurs. Et je ſuis aſſez averti qu’il ne ſort point de Livre en publie ſans ces petites traverſes, comme s’il étoit des productions ſpirituel les de même que des véritables accouchemens, qui ne ſe paſſent jainais, quelque favorables qu’ils ſoient, qu’on n’y ſouffre des trenchées C’eſt pourquoi l’on ne ſauroit peut-être ſe propoſer rien de plus vain, ni de moins reüſſible, que de recevoir l’ap probation d’un chacun. Auſſi

  1. Cap. 1.