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DE LA VERTU DES PAYENS.


poſe à cela que Saint Paul a prononcé de grandes maledictions contre les Gentils, dans ſon Epitre aux Romains; on répond qu’il n’a pas entendu parler des bons, ni des vertueux dont il eſt queſtion, mais ſeulement des méchans, et de ceux que Dieu avoit laiſſé tom-

    n'ai-je jamais aſpiré à choſe ſemblable, ſelon que je me ſouviens de l’avoir déjà déclare dans d’autres Ouvrages que celui-ci. Et bien loin d'avoir de ſi creuſes penſées, j'ai fait de tout tems mon profit de ce que diſoit un Philoſophe nommé Bion, il me ſemble, qu'à moins que d'être converti en quelque friand gâteau, ou en vin de Thaſo, le plus eſtimé de ſon ſiécle, il étoit impoſſible de plaire à tout le monde. Mais encore faloit-il faire voir la calomnie de ceux qui m'imputoient d'avoir cité à faux les auteurs que j'avois pris à garent. En effet, je n'ai rien avancé au ſujet de la vertu des Païens, que ce que les Peres de l'Egliſe, & les plus grands Scholaſtiques nous ont enſeigné. Le Bibliothéquaire Eugubinus, Evêque de Kifame, a compoſé dix livres de perenni Philoſophia, qu'il dédie au Pape Paul III, & où il prouve, mais principalement dans le dernier, que tous ces renommés Philoſophes des Gentils :nommément Platon & Ariſtote, ont eu une Philoſophie trés conforme à nôtre Théologie Chrétienne. Il ne ſe trouvera point que j'aie parlé d'eux ſi avantageuſement dans tout
    mon Livre, ni que j'aie fait plus d'état des Vies de ces Philoſophes anciens, compoſées par Diogene Laërce, que de celles de nos Saints ; quoique Melchior Camus Lib. 1. de locis c. 6. ſe ſoit diſpenſé d'écrire, que les premiéres avoient été dreſſées beaucoup plus séverement, & plus judicieuſement que toutes nos Legendes ; leur préferant encore ce que Plutarque nous a laiſſé des Hommes Illuſtres, & Suetone des douze premiers Ceſars. C'eſt ce que je soumets au jugement d'un équitable Lecteur, aiant appris de Clement Alexandrin Lib. 1. Strom. à ne me ſoucier guères d'être repris, pourvû que je ne le puiſſe pas être avec raiſon. ses paroles ſont très conſidérables pour tous ceux qui ſe mêlent de mettre la main à la plume ἒκ οῗμαι εγάζ τινα ετουζ έυτυχή γραφην εγείσθαι, ή μηδεειζ άντεζει άλλέκει την έυλογον νομιζιον, ή μηδείζ έυλογονυζ άντεζεί, &c. Nullam enim exiſtimo ſcripturum aliquam ea fortunatam procedere, cui nullus omnino contradicat : ſed illam exiſtimandum eſt eſſe rationi conſentameam, cui nemo jure contradicit.