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PREMIERE PARTIE


ber dans un eſprit de réprobation, ou qu’il avoit abandonnes à un ſens reprouvé, afin d’uſer de ſes propres termes. Enfin pour terminer ce qui ſe dit avantageuſement du ſalut des Païens avant l’incarnation, nous remarquerons que pluſieurs ont interprété d’eux ce paſſage de l’Apocalypſe, où Saint Jean parlant des Bienheureux[1], après avoir nommé ceux d’entre les Hébreux, qui étoient de ce nombre, dit qu’il en vit arriver une grande foule, que perſonne ne pouvoir compter, compoſée de toute ſorte de nations, de peuples, de tribus, & de langues différentes, qui adoroient l’Agneau immaculé ; par où l’on veut, qu’il ait entendu parler de tous ces gens de bien, répandus par le monde de tous côtés (le pais du peuple de Dieu n’en faiſant qu’une bien petite partie) qui n’ont ſuivi pendant le tems de la Loi Judaïque, que le ſeul droit de la Nature. Paſſons maintenant à la conſidération des mêmes Païens, qui ont vêcu depuis la Nativité de nôtre Seigneur, où commence le tems de la Grace.

De l’etat de la Grace.

Le grand Maitre de l’Ecole Chfétienne a prononcé deciſivement[2], que ſi l’on pouvoit ſe ſauver avec la Foi obſcure & enveloppée avant la venuë du Meſſie, il n’en étoit pas ainſi depuis qu’il a paru dans le monde, & que

  1. Cap. 7.
  2. 2. 2. qu. 2 art. 7.