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PREMIERE PARTIE


tems la conſommation du monde. Or ce qui obligeoit ce grand Evêque d’Hippone à nier que dès le ſiécle des Apôtres la voix de l’Evangile eût été entendue par tous les ceins du monde, c’eſt que de ſon vivant encore comme il l’écrit à Heſychius, qui étoit d’un ſentiment contraire au ſien[1], il y avoit beaucoup de Nations dans l’Afrique qui n’en avoient pas ouï ſeulement proférer le nom, bien loin d’avoir été éclairées dela lumière. Les Auteurs de l’Hiſtoire Eccleſiaſtique ont fait la même obſervation, & ont remarqué chacun de leur tems des Païs, qui ne faiſoient que commencer d’en prendre quelque connoiſſance. Que pouvons-nous dire aujourd’hui après la découverte de l’une l’autre Inde, & la certitude que nous avons d’une terre Auſtrale juſqu’ici inconnue, & qui ne doit pas être moindre que toutes les trois parties de l’ancien Monde ?[2] En vérité ce qui force les plus irreſolus à ſuivre l’opinion de ceux, que nous avons cités avec Saint Auguſtin, qui eût été bien plus hardi à la maintenir s’il n’eût été dans l’incrédulité des Antipodes. Et c’eſt pourquoi nous voions tous les Scholaſtiques modernes, Maldonat, Bellarmin, Tolet, Suarez, Pererius, Lorinus, & Enriquez, qui n’ont point héſité ſur cela, ni fait diffi-

  1. Ep. 78. & 80.
  2. Socrat. 1. Hiſt. c. 15. & 16. Theod. 1. Hiſt. c. 23. Rufinus, 1. Hiſt. c. 19.
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