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DE LA VERTU DES PAYENS.


culté de reconnoître qu’encore tous les jours les vérités de nôtre Religion ſont portées en des contrées où vraisemblablement l’on en avoit jamais ouï parler. Pour ce qui eſt du Levant, chacun fait comme le Bienheureux François Xavier a été nommé l’Apôtre du Japon. Et le Pere Turſellin rapporte au quatriéme livre de la vie de ce Saint[1], que les peuples de cette grande Isle ſe plaignoient ſouvent à lui, de ce que Dieu les avoit traités avec tant de deſavantage, qu’ils ne recevoient ſon Evangile qu’après tous les autres. L’Occident, qui nous a donné le Nouvel Monde, nous fourrit quand & quand des témoignages irreprochables de ce que nous diſions en faveur de cette derniere opinion. Car c’eſt tout ce qu’on peut faire de croire pieuſement, & parce que la Foi nous y oblige, que les hommes qu’on a trouvés dans cet autre Hemiſphere ſoient venus d’Adam, & n’aient eu qu’une même origine avec nous. Mais à l’égard de la Réligion Chrétienne, pas un de ceux, qui nous ont donné des relations de l’une & de l’autre Amerique Septentrionale & Meridionale, n’a remarqué, qu’il y eût le moindre ſujet de s’imaginer, qu’avant Chriſtophe Colomb aucun Chrétien y eût jamais mis le pied. C’eſt pouquoi Joseph Acotta

  1. Cap. 8.