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Page:La Nature, 1878, S2.djvu/123

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compose, reconnaissable à travers les modes, les stades et les variétés innombrables que le temps a fait naître et que les circonstances ont développées, en éveillant les tendances inhérentes à l’organisme. Mais ce qui ressort des recherches entreprises sur l’histoire de la vie et le passé du monde, c’est surtout l’enchaînement des phénomènes soit organiques, soit physiques. Il y a là un ensemble prodigieux de causes et d’effets étroitement combinés, dont l’action réciproque n’a cessé de se faire sentir et d’entraîner des conséquences occasionnelles destinées à produire de nouvelles formes d’existence. C’est ce renouvellement perpétuel des choses visibles que l’on a voulu nier, lorsque l’on a cru pouvoir mettre à sa place un certain nombre de termes initiaux, nettement définis, marquant pour les êtres particuliers ou pour les différentes catégories d’êtres et de faits un point de départ originaire, dégagé de tout antécédent. Nous avons, au contraire, saisi ou entrevu partout la trace de connexions, allant de l’antérieur au postérieur, et dont la multitude est si grande et la complexité telle que notre esprit succombe à vouloir analyser leurs entre-croisements. Mais, si l’on remonte de phénomène en phénomène plus haut que les apparences mobiles et contingentes, il semble que l’on aboutisse forcément à quelque chose d’entier, d’immuable et de supérieur, qui serait l’expression première et la raison d’être absolue de toute existence, en qui se résumerait la diversité dans l’unité, éternel problème que la science ne saurait résoudre, mais qui se pose devant la conscience, source de l’idéal religieux, ce que nous nommons instinctivement du nom de Dieu. Cte G. de Saporta
Correspondant de l’Institut.