Page:La Queste du Saint Graal (traduction Pauphilet), 1923.djvu/124

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

cessé, je ne sais comment, et la nuit était limpide, sereine. « Voyez, ami », me dit-elle d’une voix à laquelle nul cœur humain ne pouvait résister, « voyez, tout près des murs, ce gué qui reluit sous la lune. Vous y tendrez un pavillon, tout contre cette poterne, et vous demanderez joute aux chevaliers errants qui viendront abreuver là leurs chevaux. Le château leur restera invisible. Ainsi vous aurez votre passe-temps de chevalerie, et je vous garderai près de moi, à l’abri des regards mortels. »

« Depuis cet instant, seigneur, nous vivons unis, et les jours, les mois, les ans peut-être, passent pour nous dans une félicité parfaite qui doit durer à jamais. Le temps ici est aboli, et je ne connais plus l’amertume des choses qui finissent. La grâce et la ferveur de l’éternelle jeunesse sont promises à nos amours secrètes. Notre château est là, devant vous, et vous ne le voyez pas ; personne ne peut le voir, sauf elle et moi. Mon amie est