Page:La Queste du Saint Graal (traduction Pauphilet), 1923.djvu/134

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Mal assuré, inquiet de cette mésaventure, il allait devant lui, au hasard. Quels chemins avait-il pris, depuis combien de temps errait-il ? Il ne le savait pas quand il découvrit, assise au pied d’un arbre, une jeune fille qui pleurait. Pitoyable, il approchait, mais dès qu’elle le vit : « Ah ! malheureux Perceval, lui cria-t-elle, malheureux et maudit puisque tu as été au château du Graal et n’en as pas achevé la sublime aventure ! »

Il ne s’irrita pas, car ce reproche s’accordait à ses propres pressentiments ; mais, s’arrêtant, il pria l’inconnue, au nom de Dieu, de lui dire ce qu’elle savait.

« Perceval, reprit-elle, tu seras donc toujours simple comme un enfant ? Hier, quand tu vis devant toi passer le Saint Graal, quelle fut ta conduite ? Si tu avais à ce moment fait les gestes qu’il fallait, prononcé les paroles qu’on attendait, tu aurais accompli la plus haute prouesse du monde. Car aussitôt toutes les peines de Bretagne auraient pris fin ; le vieux Roi