Page:La Queste du Saint Graal (traduction Pauphilet), 1923.djvu/135

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infirme se serait levé, guéri soudain du mal qui depuis si longtemps l’accable ; et les terres du royaume, en même temps que lui, seraient revenues à la vie. Ces campagnes que tu vois dévastées auraient retrouvé leur fécondité de jadis ; ces arbres à demi effeuillés se seraient couverts de frondaisons et de fruits. Et de beaux poissons auraient joué, couleur d’or, d’argent et de pierreries, dans les mornes eaux où, chaque jour espérant la fin de sa misère, le Pêcheur dolent traîne en vain ses lignes…

« Voilà ce que tu as perdu, et je pleure les joies que tu pouvais nous rendre. Sans doute tu n’étais pas digne d’une si grande mission. Tu as la vaillance, ô guerrier, mais il te manque la sagesse. Tu agis au hasard ; les événements, les rencontres fortuites, te conduisent et t’égarent. Quelqu’un te dit d’aller et tu vas, de frapper et tu frappes. Tu es le jouet des apparences ; tes yeux, accoutumés à ne regarder que les choses de la matière, ne voient point