Page:La Queste du Saint Graal (traduction Pauphilet), 1923.djvu/141

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d’être reconnu. Mais Perceval avait bien vu que son sauveur était celui-là même dont il désirait la compagnie plus que toute chose au monde. Il l’appela à grands cris, Galaad ne se retourna pas. Passait un valet à cheval et tenant à la main un beau destrier. Perceval lui demande de le lui prêter, le valet répond qu’il faudrait le prendre de force. Mais Perceval ne commet pas de telles vilenies, il n’attaque pas des valets sans armes. Perdra-t-il donc le Chevalier ? À cette pensée le cœur lui manque ; pâle il tombe au pied d’un arbre… Puis, brusquement, il arrache son casque, tend son épée à l’homme et lui crie : « Tue-moi donc, car je ne puis vivre avec ce chagrin ! Et peut-être que le Bon Chevalier saura un jour que je suis mort pour l’amour de lui, qui m’avait sauvé ! » Le valet hausse les épaules et s’éloigne.

Ainsi tout espoir est perdu de rejoindre le Bon Chevalier, qui là-bas s’en va vers l’aventure splendide du Graal. Perceval se lamente et se désole ; nulle infortune