Page:La Queste du Saint Graal (traduction Pauphilet), 1923.djvu/159

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― Oui certes, il le mérite, et ni vous ni personne ne m’y fera renoncer.

Là-dessus Lyonel se jette de nouveau sur Bohort, l’épée haute. Mais Calogrenant se place devant lui, et le combat commence entre eux. Tous deux sont preux et de grande force ; la mêlée dure si longtemps que Bohort revient à lui et se redresse un peu. Il voit le combat et comprend que son sort s’y décide, mais une terrible anxiété le saisit : que ce soit Calogrenant son défenseur ou Lyonel son frère qui périsse sous ses yeux, il n’y aura pour lui-même que honte et douleur. Il voudrait les aller séparer, mais tous ses membres sont comme rompus : impossible de remuer ! Cependant Calogrenant a le dessous ; blessé en maint endroit, l’écu en pièces, le heaume à demi brisé, il va mourir. Alors, voyant que Bohort s’est relevé, il lui adresse un appel désespéré.

― Ô Bohort, voyez en quel péril je me suis mis pour vous, qui êtes plus vaillant