Page:La Queste du Saint Graal (traduction Pauphilet), 1923.djvu/161

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ce furieux, mais achemine-toi vers la mer, où Perceval t’attend. »

La frénésie de Lyonel était passée ; il promis de faire ensevelir dignement ses victimes, et Bohort s’éloigna sur la route de la mer.

Tout le reste du jour, il chevaucha ; et la nuit, dans une bonne abbaye où il avait trouvé gîte, il était à peine endormi que la voix divine lui enjoignait de repartir. Sans bruit il se réarma, reprit son cheval, et, pour ne pas déranger le frère portier, sortit par une brèche du mur.

Le jour n’était pas encore levé quand il atteignit le rivage de la mer ; dans un petit havre se trouvait une jolie barque blanche, à la voile blanche. Bohort, mettant pied à terre, y monta ; et sitôt qu’il y fut, la nef s’envola sur les flots. Surpris, il regretta son cheval, qui était resté sur la rive. Puis, accoté au bordage, il regarda les étoiles scintiller dans l’eau calme ; il médita quelque temps sur les bizarreries de sa destinée,