Page:La Queste du Saint Graal (traduction Pauphilet), 1923.djvu/204

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Il entre au pré, baisse sa lance… Le premier cavalier blanc qu’il rencontre, il le renverse, lui et son cheval ; en abat un second, mais sa lance se brise ; il tire l’épée et commence à parcourir la lice en frappant à droite et à gauche, avec une puissance souveraine. À ce moment les spectateurs étaient unanimes à lui accorder le prix du tournoi.

Cependant, peu à peu, Lancelot s’aperçoit que les Blancs ne s’enfuient plus devant lui : repoussés, ils reviennent, ils reçoivent ses coups avec une prodigieuse endurance. Il frappe, frappe encore, de toute sa vigueur, comme un charpentier sur une pièce de bois, et ceux qu’il atteint ne semblent pas s’en ressentir. Ainsi, parfois, dans les rêves, on porte à un adversaire des coups sans force et l’on s’en désespère…

Lancelot, lui aussi, commence à se désespérer : son épée devient plus lourde à sa main, son cheval fléchit sous lui ; autour de lui les escadrons de cavaliers