Page:La Queste du Saint Graal (traduction Pauphilet), 1923.djvu/205

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blancs, innombrables, se massent, le pressent d’un hérissement de lances et d’épées qui va se resserrant. Maintenant il recule ; une immense lassitude le saisit et lui brise les membres ; jamais plus, pense-t-il, il n’aura la force de porter ses armes. Il essaie de se dégager par un dernier moulinet : l’épée lui tombe de la main. Il est pris.

On l’entraîne dans la forêt, si faible qu’il a peine à se tenir en selle. « Lancelot, lui disent ses adversaires, nous avons tant fait que vous voici enfin conquis : vous êtes notre prisonnier. Il faut nous promettre que vous ferez notre volonté, en toute occasion. » Lancelot promet, et ils le mettent en liberté sur parole.

Honteux et brisé, il allait au hasard par les sentiers de la forêt, se répétant avec douleur que c’était là sa première défaite. Il s’était cru pardonné : cette disgrâce était-elle donc encore un effet de la colère divine inapaisée ? Il fallut qu’une recluse, qui le recueillit en sa